Chers Radis, il est temps de vous raconter la suite de mes vacances sur la superbe péninsule de Kii ! Dans mon dernier article, je vous racontais notre première étape sur le très mystique mont Koya. Aujourd’hui, passons à l’étape suivante de notre périple en amoureux : nos premiers pas sur les sentiers de pèlerinage du Kumano Kodô. Nous avons en effet visité le Hongû Taisha, l’un des trois grands sanctuaires qui ponctuent ce parcours entièrement classé par l’UNESCO. Et nous en avons profité pour faire trempette dans les onsen (sources chaudes) qui l’entourent 🙂 Après deux baignades hors du commun et une randonnée exceptionnelle de beauté, je vous confirme que le Japon n’a pas encore fini de me surprendre…

Un bout de pèlerinage jusqu’au sanctuaire Hongû Taisha

Comme je vous l’expliquais dans mon dernier article, la péninsule de Kii est toute veinée de sentiers de pèlerinage. Ceux-ci mènent des grandes villes du Kansai, au Nord, aux trois sanctuaires de la zone de Kumano, au Sud, en passant par le mont Koya. Cet ensemble de chemins, appelé « Kumano Kodô », ainsi que les lieux sacrés qui le pontuent, sont tous classés par l’UNESCO.

Sur le Kumano Kodô, cheminer entre fermes, champs et forêts

Comme nous étions bien chargés et que la saison des pluies pointait le bout de son nez, nous avons renoncé à l’idée de parcourir de grands tronçons du Kumano Kodô. À la place, nous avons décidé de faire le trajet en bus et de n’expérimenter que de petites parties du pèlerinage, sous forme de randonnées courtes. C’est ainsi que nous avons commencé par la magnifique randonnée entre le lieu-dit Hosshinmon-oji et le sanctuaire Hongû Taisha.

Nous avons tous les deux ADORÉ la randonnée d'une demi-journée pour rejoindre le premier des trois grands lieux sacrés du Kumano Kodô, le sanctuaire Hongû Taisha. Nous avons profité d'un passage de beau ciel bleu, inhabituel en ce début de saison des pluies, et c'était comme marcher au pays du Magicien d'Oz. À commencer par la forêt de cèdres centenaires et de fougères...
Nous avons tous les deux ADORÉ la randonnée d’une demi-journée pour rejoindre le premier des trois grands lieux sacrés du Kumano Kodô, le sanctuaire Hongû Taisha. Nous avons profité d’un passage de beau ciel bleu, inhabituel en ce début de saison des pluies, et c’était comme marcher au pays du Magicien d’Oz. À commencer par la forêt de cèdres centenaires et de fougères…
Puis les papillons géants butinant les touffes d'azalées en fleurs...
Puis les papillons géants butinant les touffes d’azalées en fleurs…
Ils y proposent habituellement les légumes de leur potager et d'autres produits de leur confection, telles que les umeboshi ci-dessus (des prunes ume conservées en saumure, très salées et acidulées, emblématiques de la cuisine japonaise traditionnelle). La particularité de ces mini-marchés en bord de route est qu'ils ne sont gardés par personne : à nous de nous servir et de laisser les sous dans une petite tirelire à cet effet. J'adore cette ambiance de confiance des campagnes japonaises !
… et enfin les petites fermes bordant le chemin ! Le tout sous un puissant soleil de début juin. Nous étions seuls et avons pu faire le plein de paix lumineuse, au milieu des chants d’oiseaux et des bourdonnements d’insectes. Il était pourtant facile de deviner que, en-dehors de cette période marquée par le coronavirus, ce tronçon du sentier est extrêmement fréquenté. En effet, il y avait tout au long de la route de ces fameux distributeurs de boissons (qu’on retrouve certes dans toute la campagne japonaise, mais pas à cette fréquence), ainsi que de petits étals préparés par les fermiers du coin.
Ils y proposent habituellement les légumes de leur potager et d’autres produits de leur confection, telles que les umeboshi ci-dessus (des prunes ume conservées en saumure, très salées et acidulées, emblématiques de la cuisine japonaise traditionnelle). La particularité de ces mini-marchés en bord de route est qu’ils ne sont gardés par personne : à nous de nous servir et de laisser les sous dans une petite tirelire à cet effet. J’adore cette ambiance de confiance des campagnes japonaises !

À Hongû, le plus grand torii du Japon… ne mène plus nulle part

D'un des points culminants du sentier, nous avons pu apercevoir la rivière Kumano-gawa, au bord de laquelle se dresse le plus grand torii du Japon. Ces portails typiques des paysages japonais marquent l'entrée des sanctuaires shintô, la foi indigène de l'archipel à laquelle s'est mêlé le bouddhisme. Jusqu'à la fin du XIXème siècle, le fameux sanctuaire Hongû Taisha se trouvait à cet endroit, sur une île au milieu du large lit de la rivière. Depuis qu'une crue l'a emporté en 1889, le sanctuaire a été entièrement reconstruit sur la colline voisine, à l'abri des inondations. Aujourd'hui, seul demeure le torii monumental de trente-quatre mètres de haut, dressé au milieu des rizières.
D’un des points culminants du sentier, nous avons pu apercevoir la rivière Kumano-gawa, au bord de laquelle se dresse le plus grand torii du Japon. Ces portails typiques des paysages japonais marquent l’entrée des sanctuaires shintô, la foi indigène de l’archipel à laquelle s’est mêlé le bouddhisme. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le fameux sanctuaire Hongû Taisha se trouvait à cet endroit, sur une île au milieu du large lit de la rivière. Depuis qu’une crue l’a emporté en 1889, le sanctuaire a été entièrement reconstruit sur la colline voisine, à l’abri des inondations. Aujourd’hui, seul demeure le torii monumental de trente-quatre mètres de haut, dressé au milieu des rizières.

Le sanctuaire Hongû Taisha en temps de covid : tout vide…

Au terme de notre randonnée enchanteresse à travers champs et forêts, nous avons finalement atteint le très sacré Hongû Taisha. Après nous être rincé les mains et la bouche à la fontaine de purification, nous avons pénétré dans l'enceinte silencieuse. En comparaison des fastes de la campagne printanière, et malgré la beauté des bâtiments de bois, l'ambiance y était plutôt morne.
Au terme de notre randonnée enchanteresse à travers champs et forêts, nous avons finalement atteint le très sacré Hongû Taisha. Après nous être rincé les mains et la bouche à la fontaine de purification, nous avons pénétré dans l’enceinte silencieuse. En comparaison des fastes de la campagne printanière, et malgré la beauté des bâtiments de bois, l’ambiance y était plutôt morne.
En effet, coronavirus oblige, il y avait très peu de visiteurs. L'ambiance était posée dès l'entrée, où les traditionnelles statues de chiens qui gardent les sanctuaires japonais étaient affublées de gros masques sur-mesure ! Pour réellement apprécier l'âme du lieu, il nous manquait les bruits de la cloche remuée par les fidèles pour attirer l'attention du dieu, les mains qu'on claque deux fois avant de faire sa prière, la fumée de l'encens et l'ondulation des flammes de bougies.
En effet, coronavirus oblige, il y avait très peu de visiteurs. L’ambiance était posée dès l’entrée, où les traditionnelles statues de chiens qui gardent les sanctuaires japonais étaient affublées de gros masques sur-mesure ! Pour réellement apprécier l’âme du lieu, il nous manquait les bruits de la cloche remuée par les fidèles pour attirer l’attention du dieu, les mains qu’on claque deux fois avant de faire sa prière, la fumée de l’encens et l’ondulation des flammes de bougies.
J'ai tout de même apprécié un détail nouveau pour moi, qui ai pourtant visité beaucoup de sanctuaires au cours de mes voyages au Japon (j'adore ça !). À l'entrée du bâtiment étaient tendues de grandes calligraphies originales, tracées avec un pinceau géant par le grand prêtre du sanctuaire à l'occasion de la nouvelle année. Décidément, quand je rentrerai en France, j'aimerais bien m'y mettre... J'avais adoré mon expérience de calligraphie méditative dans un temple de Chengdu, dans le sud-ouest de la Chine.
J’ai tout de même apprécié un détail nouveau pour moi, qui ai pourtant visité beaucoup de sanctuaires au cours de mes voyages au Japon (j’adore ça !). À l’entrée du bâtiment étaient tendues de grandes calligraphies originales, tracées avec un pinceau géant par le grand prêtre du sanctuaire à l’occasion de la nouvelle année. Décidément, quand je rentrerai en France, j’aimerais bien m’y mettre… J’avais adoré mon expérience de calligraphie méditative dans un temple de Chengdu, dans le sud-ouest de la Chine.

À deux pas de Hongû : la source chaude de Yunomine, aux origines du onsen

Le minuscule village thermal de Yunomine s'étire au fond d'une gorge, le long d'une rivière où se mélangent eau froide et sources chaudes.
Le minuscule village thermal de Yunomine s’étire au fond d’une gorge, le long d’une rivière où se mélangent eau froide et sources chaudes.

Dans notre parcours à travers la péninsule de Kii, nous avions prévu de rester deux jours entiers à Hongû. En effet, en plus de randonner jusqu’au sanctuaire, nous voulions absolument avoir le temps de faire un saut dans les sources chaudes situées à proximité, réputées pour leur caractère hors du commun… Ainsi, dès le premier soir, nous avons marché une heure à travers la forêt pour rejoindre le minuscule village voisin de Yunomine. Il s’agit d’un des plus vieux villages thermaux du Japon, dont la source a été découverte il y a plus de 1800 ans.

Tsuboyu, le seul onsen classé par l’UNESCO !

Yunomine est une étape appréciée des pèlerins du Kumano Kodô depuis des siècles et, malgré la toute petite taille du hameau, on y retrouve plusieurs auberges et bains publics. Nous avons eu la chance de pouvoir nous baigner dans le plus connu : Tsuboyu, l’un des plus vieux onsen du Japon, et le seul classé par l’UNESCO.

Il s’agit d’une toute petite cabane perchée au-dessus du lit du torrent qui traverse Yunomine. On ne peut y entrer qu’à une ou deux personnes, pour une durée de trente minutes seulement, et c’est pourquoi il faut le réserver au guichet du bain public voisin. Habituellement, les visiteurs attendent leur tour pendant des heures, voire y renoncent… Mais nous étions presque seuls dans le village et nous avons pu nous rendre au Tsuboyu immédiatement ! Nous étions tout excités de nous baigner dans une eau sacrée où des milliers de pèlerins étaient venus se purifier au cours des siècles.

La cabane du Tsuboyu est vraiment toute petite : un minuscule bassin creusé à même la roche du torrent, deux petits tabourets et deux bassines pour se laver avant de pénétrer dans l'eau sulfurée. À travers les planches, nous sentions l'air tiède du soir tombant, et surtout nous pouvions espionner les quelques promeneurs flânant au bord de la rivière ;)
La cabane du Tsuboyu est vraiment toute petite : un minuscule bassin creusé à même la roche du torrent, deux petits tabourets et deux bassines pour se laver avant de pénétrer dans l’eau sulfurée. À travers les planches, nous sentions l’air tiède du soir tombant, et surtout nous pouvions espionner les quelques promeneurs flânant au bord de la rivière 😉
L'eau du bassin était d'un bleu étonnant, rare pour un onsen. Elle était aussi extrêmement chaude, et nous y avons ajouté un peu d'eau froide avant de nous glisser dans la cavité, où l'eau nous arrivait à la taille. J'ai beaucoup aimé le côté "grotte" de ce mini-onsen, qui m'a donné la sensation de me lover dans le ventre de la Terre.
L’eau du bassin était d’un bleu étonnant, rare pour un onsen. Elle était aussi extrêmement chaude, et nous y avons ajouté un peu d’eau froide avant de nous glisser dans la cavité, où l’eau nous arrivait à la taille. J’ai beaucoup aimé le côté « grotte » de ce mini-onsen, qui m’a donné la sensation de me lover dans le ventre de la Terre.

Onsen-tamago : cuire soi-même ses oeufs mollets dans la source chaude ^^

Après notre super baignade, et en attendant d'attraper un bus pour le retour à Hongû, nous avons acheté un filet d’œufs crus à une adorable vieille dame. En effet, le must de Yunomine, c'est de faire cuire ses propres œufs dans l'eau frémissante de la source, et de les déguster à la japonaise (c'est-à-dire, mollets) ! La petite dame vendait même des patates douces, très populaires au Japon, mais nous n'avions pas les trente minutes nécessaires à leur cuisson au onsen…
Après notre super baignade, et en attendant d’attraper un bus pour le retour à Hongû, nous avons acheté un filet d’œufs crus à une adorable vieille dame. En effet, le must de Yunomine, c’est de faire cuire ses propres œufs dans l’eau frémissante de la source, et de les déguster à la japonaise (c’est-à-dire, mollets) ! La petite dame vendait même des patates douces, très populaires au Japon, mais nous n’avions pas les trente minutes nécessaires à leur cuisson au onsen…
Nous avons donc imité les autres touristes, dont ce jeune homme en yukata, qui attendait que ses œufs soient cuits, tranquillement assis au bord de la rivière. Au bout de neuf minutes, nous avions des œufs délicieusement mollets, que nous avons dégustés sur place, avec du sel gentiment offert par la petite dame ! Je ne sais pas si c'était le produit de mon imagination, mais j'ai trouvé ces œufs particulièrement moelleux et délicieux ;)
Nous avons donc imité les autres touristes, dont ce jeune homme en yukata, qui attendait que ses œufs soient cuits, tranquillement assis au bord de la rivière. Au bout de neuf minutes, nous avions des œufs délicieusement mollets, que nous avons dégustés sur place, avec du sel gentiment offert par la petite dame ! Je ne sais pas si c’était le produit de mon imagination, mais j’ai trouvé ces œufs particulièrement moelleux et délicieux 😉

À Kawayu, creuser son propre onsen au bord de la rivière

Et nous ne nous sommes pas arrêtés là ! Pour notre dernier jour à Hongû, nous avons décidé de nous rendre, toujours à pied, à un autre onsen voisin : celui du hameau de Kawayu. Là, il ne s’agit vraiment que de quelques maisons au bord d’une petite route, qui elle-même longe une rivière paisible. En cette morte-saison, un œil non-averti n’y aurait vu que quelques galets gris et aurait immédiatement passé son chemin… Pourtant, juste sous les pierres sourd une source brûlante, qui jaillit au premier coup de pelle ! L’hiver, on y creuse au bulldozer un immense bain chaud, où des milliers de touristes viennent se tremper, dormir dans le grand hôtel qui borde la route.

Aventure de la « Source du Canard »…

Malgré mon ton assuré, je dois vous avouer que j’ai manqué de foi concernant le onsen de Kawayu. En effet, quand nous sommes arrivés de notre randonnée à travers un petit col, nous n’avons vu que la rivière froide et ses bords aplanis. Le grand hôtel était fermé et les bulldozers avaient rebouché le bain géant, toujours fermé pour l’été. Nous avons tourné pendant une demi-heure, tenté de déplacer quelques pierres, nous écorchant les doigts sans succès… Puis, très déçus, nous avons décidé d’abandonné.

Nous avions prévu de rentrer par le bus de 18h30 mais, comme il n’y avait rien à faire au bord de cette rivière désertée, nous avons décidé de rentrer par le précédent, à 16h30. Nous nous sommes assis à l’arrêt de bus en soupirant, déçus de notre démise et résolus à rentrer bredouille. Il nous fallait attendre une dizaine de minutes… De notre banc, nous voyions la rivière, cents mètres plus bas. Soudain, mon chéri, grand ami des animaux et végétarien de son état, s’est exclamé : « oooh, un canard ! J’adore les canards !! Attends, je vais aller le voir… »

En le voyant partir, j’ai retenu un bougonnement : il allait nous faire louper le bus, avec ses histoires de canard mignon… Quelques minutes plus tard, alors que je m’apprêtais à lui crier de revenir, c’est qui qui m’a surprise en m’appelant : « Marion, viens voir ! L’eau est chaude… Il y a de l’eau chaude, je te dis !! » J’ai empoigné nos deux sacs et ai couru jusqu’au point où il se tenait, au bord de la rivière. Dans un petit bassin que nous n’avions pas remarqué plus tôt, un canard à l’air renfrogné barbotait. Un seul doigt sous la surface suffisait à confirmer l’improbable : le canard nous avait montré la source chaude ! Derrière moi, le bus est passé sans ralentir devant l’arrêt que je venais d’abandonner. Plus qu’une chose à faire : barboter pendant deux heures en attendant le prochain 😉

… et des rapaces japonais !

Nous étions persuadés que le canard, qui nous tournait autour en caquetant avec insistance, n’était autre que le kami (esprit) de la rivière. Nous ne cessions de le remercier, tout en nous promettant de lui donner un beau morceau de pain en partant. Quelle aventure, pensions-nous en creusant pour agrandir les bords du bassin, d’où jaillissait une eau brûlante qui nous rougissait les mains. Pourtant, nous n’étions pas au bout de nos surprises…

Alors que nous n'avions pas vu âme qui vive depuis notre arrivée (mis à part le canard, bien sûr !), un petit vieux s'est approché de la rivière avec un sac plastique. Le canard s'est aussitôt dirigé vers lui en caquetant plus que jamais. Et nous avons enfin compris pourquoi le canard rôdait là à cette heure précise : il attendait son repas ! Le monsieur tirait alternativement de son sac des croûtons qu'il jetait au canard et des galets qu'il faisait ricocher avec adresse sur la rivière. Quand il s'est approché de nous, nous l'avons reconnu : c'était le voisin d'Eiko-san, notre adorable hôte d'AirBnb, que nous avions déjà croisé dans la rue ! Un petit monsieur assez toqué, qui s'est mis à nous parler sans discontinuer, nous expliquant que le canard était son ami et qu'il venait le nourrir toutes les semaines depuis onze ans. C'est alors que les rapaces sont arrivés...
Alors que nous n’avions pas vu âme qui vive depuis notre arrivée (mis à part le canard, bien sûr !), un petit vieux s’est approché de la rivière avec un sac plastique. Le canard s’est aussitôt dirigé vers lui en caquetant plus que jamais. Et nous avons enfin compris pourquoi le canard rôdait là à cette heure précise : il attendait son repas ! Le monsieur tirait alternativement de son sac des croûtons qu’il jetait au canard et des galets qu’il faisait ricocher avec adresse sur la rivière. Quand il s’est approché de nous, nous l’avons reconnu : c’était le voisin d’Eiko-san, notre adorable hôte d’AirBnb, que nous avions déjà croisé dans la rue ! Un petit monsieur assez toqué, qui s’est mis à nous parler sans discontinuer, nous expliquant que le canard était « son ami » et qu’il venait le nourrir toutes les semaines depuis onze ans. C’est alors que les rapaces sont arrivés…
"Eux aussi, ce sont mes amis !" s'est exclamé le petit vieux. "C'est un couple, je les nourris aussi depuis des années. Je leur fais attraper le pain en plein vol. Tenez, regardez. Regardez donc !" Et, sous nos yeux ébahis, il s'est exécuté. Le couple majestueux, qui tournait au-dessus de nos têtes, se relayait pour descendre en rase-motte au-dessus de l'eau et attraper les croûtons au vol. C'était une scène étrange, avec nous deux en sous-vêtements dans le bassin chaud au bord de la rivière froide, le papy japonais avec son sac plastique, le canard qui caquetait de jalousie et les rapaces qui poussaient leurs cris aigus en nous rasant de près. On aurait dit un remake sous acide de "Pierre et le Loup"...
« Eux aussi, ce sont mes amis ! » s’est exclamé le petit vieux. « C’est un couple, je les nourris aussi depuis des années. Je leur fais attraper le pain en plein vol. Tenez, regardez. Regardez donc ! » Et, sous nos yeux ébahis, il s’est exécuté. Le couple majestueux, qui tournait au-dessus de nos têtes, se relayait pour descendre en rase-motte au-dessus de l’eau et attraper les croûtons au vol. C’était une scène étrange, avec nous deux en sous-vêtements dans le bassin chaud au bord de la rivière froide, le papy japonais avec son sac plastique, le canard qui caquetait de jalousie et les rapaces qui poussaient leurs cris aigus en nous rasant de près. On aurait dit un remake sous acide de « Pierre et le Loup »…

Entre deux croûtons, le vieux monsieur continuait de faire de magnifiques ricochets, tout en racontant absolument tout ce qui lui passait par la tête. Puis, sans préavis, il nous a salués et est reparti comme il était venu, à petits pas sur les galets. Si nous n’avions pas su qu’il s’agissait du voisin de notre hôte, nous aurions cru à l’apparition d’un autre kami de la rivière… Une conclusion parfaite pour cette étape sur la mystique péninsule de Kii.

Prochaine étape du Kumano Kodô : les sanctuaires de Nachi et Hayatama !

Après ces deux journées riches en découvertes, nous avons pris le bus en direction des deux autres sanctuaires phares du Kumano Kodô. Nous avons quitté Hongû très contents, non pas grâce à son sanctuaire plutôt mélancolique, mais pour la magnifique randonnée qui y mène et les onsen exceptionnels qui l’entourent. Une destination rêvée pour les amoureux de montagne japonaise ! Tandis que les deux sanctuaires suivants, comme vous le verrez dans le prochain article, conviendront fort bien aux amateurs de mer… 😉

Cet article a 8 commentaires

  1. Criquelecroc

    Ahhh c’était super ces découvertes chaudes et aériennes avec vous!
    Quelle chance ces oiseaux gourmands
    Vivement les prochains sanctuaires et la mer!

    1. Marion

      C’est vrai qu’il était riche en volatiles, cet article 😉 Et encore, je ne vous ai même pas parlé du corbeau à trois pattes qui sert d’emblème aux trois sanctuaires de Kumano !!

  2. Chlo

    Marion ou l’amie des animaux 😛
    Encore une belle expérience mystique et hors du temps, quelle chance ! Tu as même croisé un kami, veinarde 😉
    Tant mieux si le Coronavirus ne vous empêche pas de visiter ce que vous aviez prévu et ne perturbe pas trop vos plans.
    Par contre, il faudra m’expliquer comment vous faites pour vous baigner dans les sources chaudes en plein été, avec cette chaleur xD
    Merci pour ce magnifique article et à très vite pour la suite de tes aventures, gros bisous <3

    1. Marion

      Haha très bonne remarque, c’est sûr que les sources chaudes ça nous parle plus quand il fait froid… Mais il faut dire qu’on était un peu en altitude, au bord d’une rivière bien fraîche, et avec le soir tombant il faisait carrément frisquet ! Donc c’était nickel 😉

  3. Hildegard

    Le genre d’article qui me donne encore plus envie de pouvoir te retrouver là-bas cet automne! Brûle une petite tablette avec mon vœu au prochain temple pour moi stp ! ♡♡♡

    1. Marion

      Ça marche, je le ferai, promis 😉

  4. Hildegard

    Mention spéciale pour l’histoire du papi et et de ses amis barboteurs et voltigeurs 😄
    Il pourrait être le héros d’un manga de mon cher Jiro Tanigushi ♡ Jiro ,si tu me lis là-haut : Merci!

    1. Marion

      C’est vrai !
      Hahaha ça serait la classe que Jirô Taniguchi lise mon blog pour s’occuper depuis l’au-delà xD
      Ça serait un juste retour des choses, vu comme ses livres m’ont donné envie d’explorer le Japon…

Les commentaires sont fermés.