Au moment où je vous écris ces lignes, je traverse en train le désert de Gobi ! Cette immensité de dunes ocres, qui s’étend entre la Mongolie et la Chine, constitue le point d’orgue du Transmongolien. Et juste avant de rejoindre Pékin, je revis avec vous ma semaine de rêve au milieu des steppes mongoles, auprès des familles de nomades et de leurs troupeaux…

Oulan Bator : la capitale, c’est pas mon fort

Arrivée au petit matin par le Transmongolien

Après avoir passé un excellent mois de septembre en Russie, j’ai rejoint la Mongolie en train. En ce tout début d’octobre, la saison touristique se terminait et les températures négatives commençaient à faire leur apparition… Il faisait donc bien frisquet lorsque je suis arrivée à Oulan Bator, capitale du pays, sur les coups de 6h50.

J’avais réservé un lit dans une excellente auberge de jeunesse, que je recommande à toute personne qui se rend à Oulan Bator : Golden Gobi. C’est l’adorable gérante, Ogie, qui est venue m’accueillir à la gare. Je suis montée dans le minibus de l’auberge avec d’autres voyageurs, dont je connaissais déjà la moitié pour les avoir croisés dans le train ou au bord du Baïkal… C’est drôle comme le trajet du Transsibérien et du Transmongolien est un tout petit monde ! On finit toujours par se recroiser, ou croiser des amis d’amis…

Exploration au cœur du béton

Oulan Bator, capitale de la Mongolie : beaucoup de béton et beaucoup de bagnoles... Mais on croise quand même quelques nomades en costume traditionnel, venus de la steppe pour s'approvisionner à la ville.
Oulan Bator, capitale de la Mongolie : beaucoup de béton et beaucoup de bagnoles… Mais on croise quand même quelques nomades en costume traditionnel, venus de la steppe pour s’approvisionner en ville.

Après un excellent petit déj offert par l’auberge, je me suis reposée et j’ai exploré la ville avec mes (plus ou moins nouveaux) potes. Je vous le dis tout de go : Oulan Bator, c’est pas la folaï… Mélange de planification soviétique bétonnée et de pas de planification du tout, c’est un dédale d’immeubles gris truffé d’embouteillages. Un million et demi de personnes, c’est-à-dire la moitié de la population mongole, y vit entassée. Alors, un conseil si vous allez un jour en Mongolie : contentez-vous d’y passer un ou deux jours pour préparer votre voyage et… filez vers le désert ou vers les steppes !

Une semaine de trek en Mongolie centrale

Échappée vers les steppes…

Et c’est ce que j’ai fait 😉 Mon excellente auberge, dont je ne peux franchement que chanter les louanges, proposait différents « tours » pour explorer la Mongolie. L’un des plus populaires consiste à se rendre dans le sud du pays pour parcourir le fameux désert de Gobi, mais cela implique au moins deux journées « perdues » en voyage. Pour ma part, j’ai décidé de réserver un tour d’une semaine en Mongolie centrale, et pas une seconde je n’ai regretté ma décision ! Je le dis sans hésitation : j’y ai passé une des meilleures semaines de ma vie. Ouais, carrément.

Le tour que j'ai réservé nous emmenait, une semaine durant, explorer la région à l'ouest d'Oulan Bator, en plein cœur de la Mongolie. C'est un paysage majoritairement couvert de grandes étendues de steppes, où les familles de nomades laissent leurs troupeaux paître librement. Quand il faut les ramener vers le campement, les éleveurs les rameutent à dos de cheval ou de moto...
Le tour que j’ai réservé nous emmenait, une semaine durant, explorer la région à l’ouest d’Oulan Bator, en plein cœur de la Mongolie. C’est un paysage majoritairement couvert de grandes étendues de steppes, où les familles de nomades laissent leurs troupeaux paître librement. Quand il faut les ramener vers le campement, les éleveurs les rameutent à dos de cheval ou de moto…
Nous étions cinq touristes au début du tour, accompagnés par Tsogo, notre adorable guide anglophone. Une des personnes les plus énergiques et les plus fun que j'aie jamais rencontrées ! Il nous bichonnait comme ses propres enfants et, surtout, il ne ratait jamais une occasion de déconner. Nous étions en outre conduits par Gamba, notre gentil chauffeur bourru et timide, qui avait toujours un demi-sourire quand il conduisait.
(oui, c'est bien un troupeau de chameaux en liberté derrière Tsogo)
Nous étions cinq touristes au début du tour, accompagnés par Tsogo, notre adorable guide anglophone. Une des personnes les plus énergiques et les plus fun que j’aie jamais rencontrées ! Il nous bichonnait comme ses propres enfants et, surtout, il ne ratait jamais une occasion de déconner. Nous étions en outre conduits par Gamba, notre gentil chauffeur bourru et timide, qui avait toujours un demi-sourire quand il conduisait.
(oui, c’est bien un troupeau de chameaux en liberté derrière Tsogo)

… au cœur de la culture nomade

Le principe de ce tour était vraiment d’aller à la rencontre des familles nomades qui vivent dans la steppe. Nous nous sommes donc déplacés presque chaque jour, allant de famille en famille et dormant dans une de leurs yourtes traditionnelles. Celles-ci, soit dit en passant, sont d’ailleurs appelées « ger » en Mongolie… Le mot yourte est apparemment un terme venu d’Europe.

Grâce à notre guide Tsogo, nous avons pu découvrir tout un tas de spécialités mongoles au cours de la semaine. Dès la première pause sur le chemin des steppes, nous nous sommes arrêtés dans une gargote où il nous a servi l'incontournable "thé au lait". En fait c'est surtout de l'eau chaude avec du lait, car ils mettent à peine une pincée de thé par marmite... Personnellement, je ne suis pas fan, mais les autres ont bien aimé ;)
Grâce à notre guide Tsogo, nous avons pu découvrir tout un tas de spécialités mongoles au cours de la semaine. Dès la première pause sur le chemin des steppes, nous nous sommes arrêtés dans une gargote où il nous a servi l’incontournable « thé au lait ». En fait c’est surtout de l’eau chaude avec du lait, car ils mettent à peine une pincée de thé par marmite… Personnellement, je ne suis pas fan, mais les autres ont bien aimé 😉
Chaque repas était différent, même les petits déj ! C'était le plus souvent Tsogo qui cuisinait pour nous, et parfois la famille nomade qui nous hébergeait. Sur cette photo, vous voyez le traditionnel barbecue mongol aux pierres chaudes : de la cuisse et de la queue de mouton, des carottes, des patates, des pierres volcaniques et une couche de lasagnes par-dessus. C'était très gras mais très bon, surtout pour se préparer à une nuit aux températures négatives...
Chaque repas était différent, même les petits déj ! C’était le plus souvent Tsogo qui cuisinait pour nous, et parfois la famille nomade qui nous hébergeait. Sur cette photo, vous voyez le traditionnel barbecue mongol aux pierres chaudes : de la cuisse et de la queue de mouton, des carottes, des patates, des pierres volcaniques et une couche de lasagnes par-dessus. C’était très gras mais très bon, surtout pour se préparer à une nuit aux températures négatives…

Si j’ai passé un aussi bon moment, c’est aussi parce que j’ai eu la chance de partir avec un groupe exceptionnellement sympa ! Il a d’ailleurs fluctué au cours de la semaine, car tout le monde n’avait pas réservé pour sept jours… Quand nous sommes partis d’Oulan Bator, il y avait là un Français, Antoine, qui faisait presque le même voyage que moi en Transsibérien ; « PJ », un Gallois vivant à Pékin qui, avec ses tatouages et ses piercings, semblait sortir tout droit du film Trainspotting ; et enfin, deux jeunes Russes vivant également à Pékin, Katya et Gleb. Que des gens super intéressants, super contents d’être là, et avec qui on s’est vraiment tapé des barres…

Première nuit sous la yourte : glaglagla

Une nuit sans lune au cri du loup…

Notre première nuit chez les nomades n’était pas piquée des vers ! Après une longue journée de route, nous nous sommes arrêtés au milieu d’un paysage presque désertique, où notre première famille d’hôtes avait installé son campement. Il se constituait de trois yourtes, ou gers, d’un enclos pour les bêtes et d’une mini-cabane pour les toilettes. L’une des yourtes avait été préparée spécialement pour nous et cinq lits en bois typiques nous y attendaient. La famille, qui élevait des moutons et des chèvres, était très sympathique mais ne parlait pas un mot d’anglais. Heureusement que Tsogo était là pour traduire 😉

Au premier plan, notre yourte. C'est probablement la yourte la plus basique où nous ayons séjourné, et également celle où nous avons eu le plus froid... L'aventure commençait ;)
Au premier plan, notre yourte. C’est probablement la yourte la plus basique où nous ayons séjourné, et également celle où nous avons eu le plus froid… L’aventure commençait 😉
L'intérieur de notre petite yourte avec son mobilier traditionnel. La porte était tellement basse que les plus grands d'entre nous devaient littéralement se plier en deux pour entrer ^^ Au milieu, l'élément le plus important de toute la yourte : le poêle, qui sert aussi bien à chauffer qu'à cuisiner. Quand à l'électricité, elle provenait d'une batterie rechargée durant la journée par un panneau solaire, et ne servait qu'à alimenter l'unique ampoule.
L’intérieur de notre petite yourte avec son mobilier traditionnel. La porte était tellement basse que les plus grands d’entre nous devaient littéralement se plier en deux pour entrer ^^ Notamment PJ le Gallois, qui mesurait deux mètres. Au milieu, l’élément le plus important de toute la yourte : le poêle, qui sert aussi bien à se chauffer qu’à cuisiner. Quand à l’électricité, elle provenait d’une batterie rechargée durant la journée par un panneau solaire, et ne servait qu’à alimenter l’unique ampoule.
Derrière le campement se trouvaient les ruines d'un ancien temple bouddhiste détruit par les Soviétiques, ainsi que le nouveau temple reconstruit depuis. Nous sommes allés y admirer le coucher de soleil dans un calme absolu, à peine troublé par les oiseaux. C'est alors que nous avons entendu les premiers cris du loup...
Derrière le campement se trouvaient les ruines d’un ancien temple bouddhiste détruit par les Soviétiques, ainsi que le nouveau temple reconstruit depuis. Nous sommes allés y admirer le coucher de soleil dans un calme absolu, à peine troublé par les oiseaux. C’est alors que nous avons entendu les premiers cris du loup…

Dès que le soleil est passé derrière les collines, le froid est tombé d’un coup. Cette nuit-là, les températures sont descendues jusqu’à -7°C… Après avoir dîné avec la famille d’une soupe de nouilles au mouton, nous nous sommes donc vite réfugiés dans notre yourte.

Le poêle à caca

Comme il n’y avait pas de forêt à des centaines de kilomètres à la ronde, la famille qui nous accueillait se chauffait au moyen traditionnel de bouses séchées. A nous d’entretenir le feu pendant la nuit… Au début, l’idée de nous chauffer au caca de vache nous a fait rire comme une bande de collégiens. Les jeux de mots à base d’excréments fusaient dans la yourte, et tout le monde se marrait bien. Cependant, on a beaucoup moins rigolé quand on s’est rendu compte que la bouse chauffait beaucoup moins bien que le bois, et que la température continuait à chuter…

C’est alors que nos amis Russes, Katya et Gleb, nous ont appris les règles du plus fameux des jeux de cartes russes : le « durak ». Cela signifie « idiot », et c’est le titre qu’on décerne au perdant… Nous nous sommes empressés de le renommer en « pooman » (homme à caca, hahahaha), décrétant que le perdant devrait s’extraire régulièrement de son sac de couchage pour alimenter le poêle en bouses séchées. C’est ainsi que le pauvre Gleb a été désigné Pooman du groupe. Une tâche dont il s’est d’ailleurs acquitté avec beaucoup d’efficacité et non moins de dignité…

Sur le chemin des toilettes : voie lactée et étoiles de givre

Globalement, ç’a été une nuit rock’n’roll pour tout le monde. Les loups ont hurlé toute la nuit et les aboiements rauques des chiens leur répondaient à intervalles réguliers. Je n’aurais jamais cru que me lever pour aller faire pipi serait une telle aventure… Je suis sortie vers les 3h30 du matin, alors que tout le monde dormait. L’absence de lune faisait que l’obscurité était totale, mais je distinguais parfaitement la voie lactée dans un ciel couvert d’étoiles.

Dans leur enclos proche mais invisible pour moi, les animaux, inquiétés par la proximité des loups, s’agitaient nerveusement. Transie de froid, brandissant mon portable allumé presque comme un bouclier, je marchais sur le sol couvert de givre dans la direction supposée des toilettes. Ceux-ci se trouvaient à environ 200 m – ça fait loin, dans le noir complet… Très vite, je n’ai même plus pu distinguer la yourte derrière moi. Lorsque le chien a de nouveau aboyé, je me suis imaginée entourée par les loups et me suis mise à courir à demi. Le sol pailleté se balançait à la lumière de mon portable, dont je constatais pour le première fois le peu de portée.

Quand j’ai enfin trouvé les trois planches en bois qui constituaient les toilettes, fermées de trois côtés mais ouvertes sur l’immensité de la steppe, une nouvelle peur s’est emparée de moi : laisser tomber mon portable dans le grand trou. Une certaine scène de Slumdog Millionnaire m’est également revenue à l’esprit… Mais je me suis bien appliquée et, mon affaire réglée, ai retrouvé la yourte sans encombre. Une fois glissée dans mon duvet encore chaud, j’ai savouré le calme de la yourte en sentant ralentir les battements de mon cœur…

Chameaux et dunes de sable au « mini-Gobi »

Pour notre deuxième jour, nous nous sommes rendus au « mini-Gobi », qui est littéralement un mini-désert rappelant le véritable Gobi. De quoi consoler les touristes qui, comme nous, n’ont pas pu aller voir les vraies dunes 😉 Au programme : promène-couillon à dos de chameau, une espèce particulièrement adaptée aux hivers rudes de la steppe mongole ! Je redoutais un peu le côté « attrape-touristes » de cette activité. Mais comme il n’y avait que nous et que le monsieur qui nous guidait était très gentil, j’ai finalement beaucoup apprécié cette balade.

Une famille nomade était installée juste à côté des dunes de sables et élevait des troupeaux de chameaux. Pendant que les parents vaquaient à leurs occupations, les petits enfants jouaient librement dans la steppe, sans guère s'inquiéter des cinq touristes qui s'exclamaient "mais qu'ils sont mignooooooons".
Une famille nomade était installée juste à côté des dunes de sables et élevait des troupeaux de chameaux. Pendant que les parents vaquaient à leurs occupations, les petits enfants jouaient librement dans la steppe. Ils ne s’inquiétaient guère des cinq touristes stupides qui s’exclamaient « mais qu’ils sont mignooooooons » en les bombardant de photos. Aucun respect xD
Moi en grande conversation avec le chameau : "Tu l'as acheté où ton tapis de selle ? Nan mais sérieux, c'est so 2018 !"
Moi en grande conversation avec le chameau : « Tu l’as acheté où ton tapis de selle ? Nan mais sérieux, c’est so 2018 ! »

Campement d’automne et chevaux sauvages

On envoie du bois !

Après cette charmante balade dans les dunes de sable, nous avons repris la route cahoteuse pour rejoindre une nouvelle famille de nomades. Cette étape, où nous avons passé deux nuits, a été ma préférée de tout le tour. Quand nous l’avons trouvée, la famille était en train de finir d’installer son campement d’automne entre deux rivières, dans un cirque de steppes partiellement entouré de forêts. Juste au-dessus des yourtes se dressait un promontoire rocheux surmonté d’un tas de pierres chamanique, d’où l’on avait une vue à 360° sur les environs. Le lieu était sublime… Après les deux jours passés là-bas, je ne voulais plus partir !

Notre yourte est celle au premier plan. Notre guide Tsogo et Gamba le chauffeur dormaient dans celle du milieu, tandis que la famille qui nous accueillait dormait dans celle du fond. Il s'agissait d'un couple avec leurs trois plus jeunes enfants, dont un adorable bébé qui ne pleurait jamais. Leurs deux lus grandes filles, quant à elles, vivaient à Oulan Bator pour leurs études.
Notre yourte était celle au premier plan. Notre guide Tsogo et Gamba le chauffeur dormaient dans celle du milieu, tandis que la famille qui nous accueillait dormait dans celle du fond. Il s’agissait d’un couple avec leurs trois plus jeunes enfants, dont un adorable bébé qui ne pleurait jamais. Leurs deux plus grandes filles, quant à elles, vivaient à Oulan Bator pour leurs études.
Encore une fois, les toilettes n'étaient pas tout à côté ;)
Encore une fois, les toilettes n’étaient pas tout à côté 😉
En entrant dans la yourte, nous avons poussé des cris de joie : la proximité des forêts signifiait que nous allions nous chauffer au BOIS ! Un superbe bois de pin qui diffusait une délicieuse odeur dans la yourte... Cette nui-là, Gleb s'en est tellement donné à cœur joie qu'au milieu de la nuit nous avons failli suffoquer de chaleur xD
En entrant dans la yourte, nous avons poussé des cris de joie : la proximité des forêts signifiait que nous allions nous chauffer au BOIS ! Un superbe bois de pin qui diffusait une délicieuse odeur dans la yourte… Cette nuit-là, Gleb s’en est tellement donné à cœur joie que nous avons failli suffoquer de chaleur xD
Nous avons eu la chance d'assister au démontage et au remontage d'une yourte, que la famille avait choisi de déplacer. Ici, on aperçoit le treillis de bois qui constitue la structure principale de la yourte et porte le lourd manteau de feutre qui l'isole du froid.
Nous avons eu la chance d’assister au démontage et au remontage d’une yourte, que la famille avait choisi de déplacer. Ici, on aperçoit le treillis de bois qui constitue la structure principale de la yourte. Il supporte le lourd manteau de feutre qui l’isole du froid, ainsi que les nombreuses poutrelles orange du plafond.
C'était très impressionnant de les voir faire : à part le bébé, toute la famille s'y met et en une heure c'est plié ! Nous sommes partis nous promener et, à notre grande surprise, ils avaient déjà remonté, meublé et même décoré la yourte à notre retour. Sur le poêle, la soupe du soir chauffait déjà, et le thé au lait chaud nous attendait dans la thermos... Total respect.
C’était très impressionnant de les voir faire : à part le bébé, toute la famille s’y met et en une heure c’est plié ! Nous sommes partis nous promener et, à notre grande surprise, ils avaient déjà remonté, meublé et même décoré la yourte à notre retour. Sur le poêle, la soupe du soir chauffait déjà, et le thé au lait chaud nous attendait dans la thermos… Total respect.

Galop dans la steppe

La famille qui nous a hébergés pour ces deux nuits élevait, entre autres, un troupeau de chevaux à moitié sauvages. Le lendemain de notre arrivée, nous avons donc passé presque toute la journée à parcourir a steppe à dos de cheval. Définitivement l’un des trucs les plus cools que j’aie jamais faits de ma vie…

Le fier cavalier qui nous guidait était un homme d’âge mûr, vêtu d’un superbe costume traditionnel en soie et monté sur un petit cheval très nerveux. Il ne parlait pas anglais mais se marrait en permanence – il devait nous trouver bien gauches sur ces chevaux à moitié dressés…
L'après-midi, nous avons fait une grande balade jusqu'à cette très belle cascade. J'étais frustrée car on m'avait donné un vieux cheval qui daignait à peine trotter, alors que je rêvais de galoper à travers ces immenses étendues... Au retour, j'ai convaincu Tsogo de me laisser monter un jeune étalon assez fougueux, connu pour se mettre à galoper sans demander l'avis de son cavalier. Aussitôt que j'ai été en selle, le petit cheval alezan, sachant de plus que nous rentrions au bercail, s'est mis à galoper à toutes jambes vers le soleil couchant. Je n'ai pas pu m'empêcher de pousser des cris de joie pendant que la steppe défilait sous les petits sabots... Je vous jure, c'était comme dans un film. Mais en mieux.
L’après-midi, nous avons fait une grande balade jusqu’à cette très belle cascade. J’étais frustrée car on m’avait donné un vieux cheval qui daignait à peine trotter, alors que je rêvais de galoper à travers ces immenses étendues… Au retour, j’ai donc convaincu Tsogo de me laisser monter un jeune étalon assez fougueux, connu pour se mettre à galoper sans demander l’avis de son cavalier. Aussitôt que j’ai été en selle, le petit cheval alezan, sachant de plus que nous rentrions au bercail, s’est ainsi mis à galoper à toutes jambes vers le soleil couchant. Je n’ai pas pu m’empêcher de pousser des cris de joie pendant que la steppe défilait sous ses petits sabots… Je vous jure, c’était comme dans un film. Mais en vachement plus mieux.
Ces chevaux étaient d'autant plus indépendants et fougueux qu'ils avaient l'habitude de gambader à leur guise dans la steppe...
Ces chevaux étaient d’autant plus indépendants et fougueux qu’ils avaient l’habitude de gambader à leur guise dans la steppe…

Sur le chemin du temple

Après avoir quitté à regret la famille de cavaliers et leur magnifique campement, nous avons mis le cap au nord pour rejoindre notre prochaine étape. « PJ » le Gallois nous a quittés à ce moment-là, prenant un bus de 12h pour Oulan Bator, tandis que nous avons été rejoints par deux nouvelles recrues. Celles-ci se sont révélées tout aussi sympathiques et britanniques. Il s’agissait de Colin et Joey, deux Écossais à l’accent à couper au couteau. Eux aussi allaient à leur tour devenir nos très bons potes !

Ce jour-là, le temps était doux et, après un bon pic-nic au milieu d’un troupeau de yaks, nous sommes partis en rando.

Après une bonne marche à travers la forêt, nous avons rejoint un joli temple bouddhiste érigé sur un promontoire rocheux. L'endroit était d'un calme absolu et de nombreux oiseaux noirs sillonnaient le ciel, faisant entendre les battements de leurs grandes ailes.
Après une bonne marche à travers la forêt, nous avons rejoint un joli temple bouddhiste érigé sur un promontoire rocheux. L’endroit était d’un calme absolu. De nombreux oiseaux noirs sillonnaient le ciel, faisant entendre les battements de leurs grandes ailes.
La vue sur les montagnes et la forêt, si rare en Mongolie, était à couper le souffle.
La vue sur les montagnes et la forêt, si rare en Mongolie, était à couper le souffle.

Baies d’argousier pour les bébés

Après cette bonne rando, nous avons rejoint notre nouveau campement pour la nuit. La dame qui nous accueillait, elle-même guide et anglophone, était particulièrement gentille. En plus de ses occupations touristiques, elle avait acheté un lopin de terre où elle cultivait des baies d’argousier venues de Sibérie. Ce petit fruit orange, très populaire en Russie, pousse en effet très bien en Mongolie.

Notre hôte nous a emmenés dans son champ d'argousier et nous a invités à déguster autant de baies que nous le souhaitions. Elles avaient un petit goût acidulé qui rappelait les groseilles. Tsogo, qui en raffole particulièrement, c'était mis du jus orange partout sur les doigts et la figure xD
Notre hôte nous a emmenés dans son champ d’argousier et nous a invités à déguster autant de baies que nous le souhaitions. Elles avaient un petit goût acidulé qui rappelait les groseilles. Tsogo, qui en raffole particulièrement, c’était mis du jus orange partout sur les doigts et la figure xD

En Mongolie, les sources de vitamines sont très rares, car peu de plantes survivent aux hivers à -50°C. Notre hôte nous a ainsi expliqué que les baies d’argousier, très riches en vitamines, étaient distribués aux enfants dans les maternelles, qui étaient ses principaux clients.

Karakorum : sur les traces de Gengis Khan

Pour notre avant-dernière étape, Tsogo nous avait annoncé que nous allions « en ville ». Nous étions loin de nous imaginer qu’il faisait référence aux quatre murs dressés au lieu de la steppe que constituent les ruines de Karakorum, ancienne capitale mongole…

Au milieu de l'enceinte fortifiée de Karakorum se trouve un monastère bouddhiste encore en activité. L'endroit était presque désert et notre visite n'était accompagnée que du chant des oiseaux et des moines.
Au milieu de l’enceinte fortifiée de Karakorum se trouve un monastère bouddhiste encore en activité. L’endroit était presque désert et notre visite n’était accompagnée que du chant des oiseaux et des moines.
Cette divinité est la seule et unique figure féminine présente dans le complexe de temples. Son rôle est de le protéger contre les agresseurs. Charmante, n'est-ce pas ?
Cette divinité est la seule et unique figure féminine présente dans le complexe de temples. Son rôle est de le protéger contre les agresseurs. Charmante, n’est-ce pas ?
Ce soir-là, nous n'avons pas dormi chez une famille nomade mais dans un camp de yourtes (un peu comme un camping avec des bungalows, quoi). Pour notre plus grand plaisir, les proprios ont fait venir un petit groupe de musique traditionnelle. Ils ont joué de trois instruments à cordes typiquement mongols et nous ont fait d'impressionnantes démonstrations de "chant de gorge".
Ce soir-là, nous n’avons pas dormi chez une famille nomade mais dans un camp de yourtes (un peu comme un camping avec des bungalows, quoi). Pour notre plus grand plaisir, les proprios ont fait venir un petit groupe de musique traditionnelle. Ils ont joué de trois instruments à cordes typiquement mongols et nous ont fait d’impressionnantes démonstrations de « chant de gorge ». Cela nous a si bien inspiré que nous avons ensuite organisé un karaoké dans notre yourte – une des activités favorites des Mongols et de Tsogo en particulier ! Notre chauffeur si timide, Gamba, nous a tous impressionnés en interprétant un chant sur la beauté des paysages mongols. En questionnant Tsogo, j’ai appris que Gamba avait lui-même grandi dans une famille nomade du désert de Gobi…

Une dernière journée riche en aventures

Trempette héroïque au lac Ogii

A Karakorum, nous avons dit au revoir à Katya et Gleb, non sans nous être promis de tous nous retrouver à Pékin pour un bon « hot pot ». Puis nous avons rejoint à quatre la dernière étape de notre fabuleux tour : le lac Ogii. Il ne restait plus qu’Antoine, les deux Écossais Colin et Joey, et moi.

Nous n'en croyions pas nos yeux en voyant une si grande étendue d'eaux bleues. La steppe est si aride qu'on en vient à oublier qu'il existe de telles étendues d'eau... Les troupeaux de chevaux ne se gênaient pas pour aller y boire tout leur soûl.
Nous n’en croyions pas nos yeux en voyant une si grande étendue d’eaux bleues. La steppe est si aride qu’on en vient à oublier qu’il existe de telles étendues d’eau… Les troupeaux de chevaux ne se gênaient pas pour aller y boire tout leur soûl.

Nous avons pris notre courage à deux mains et, malgré le vent mordant et l’eau glacée, nous sommes presque tous baignés dans le lac. Seul Gamba, notre chauffeur timide, ne s’y est pas risqué. L’eau était tellement froide que j’en criais de douleur !

A la chasse aux yourtes

Nous avons ensuite fait un bon pic-nic au bord de l’eau, puis Tsogo nous a joyeusement annoncé qu’il n’avait aucune idée d’où nous passerions notre dernière nuit. « On a du matos de camping, » nous a-t-il expliqué, « mais si vous voulez on peut essayer de se faire héberger par une famille nomade. Vous voulez tenter ? »

Nous avons évidemment répondu « ouiiiii !! », et c’est ainsi que nous sommes partis à la recherche d’un hébergement pour la nuit. Gamba, dont l’œil affûté repérait de loin les yourtes sur la steppe, quittait la route chaque fois qu’il en apercevait une. Seulement, la chance n’était pas de notre côté : malgré l’approche du soleil couchant, nous avons trouvé chaque yourte vide. Quand Tsogo a fait mine de monter sur une moto délaissée pour nous faire rire, il s’est fait courser par les deux gros chiens de la famille, pour notre plus grande hilarité. Après ce troisième échec, nous nous sommes résolus à installer nous-mêmes notre campement pour cette dernière nuit dans la steppe.

Dernière nuit : camping dans la steppe

L’hôtel « un million d’étoiles »

Nous nous sommes arrêtés en plein milieu de nulle part et, pendant que Tsogo nous concoctait un de ces bon repas chauds dont il avait le secret, nous avons monté les tentes. Le jour déclinait vite et à peine avions-nous fini de manger que le soleil disparaissait derrière l’horizon.

« Bienvenue dans mon hôtel un million d’étoiles ! » s’est exclamé Tsogo en nous désignant la steppe.

Nous avons dormi à deux par tente, tandis que Tsogo et Gamba dormaient dans le minibus. J'avais très peur de mourir de froid, malgré les assurances de mes camarades que "comme il ferait 3°C, se serait la nuit la plus chaude de toute la semaine". Au final, j'ai dormi avec deux duvets et en portant littéralement tous mes vêtements (on aurait dit Santa dans "Rasta Rocket" xD) et je n'ai pas eu froid :)
Nous avons dormi à deux par tente, tandis que Tsogo et Gamba dormaient dans le minibus. J’avais très peur de mourir de froid, malgré les assurances de mes camarades que « comme il ferait 3°C, se serait la nuit la plus chaude de toute la semaine ». Au final, j’ai dormi avec deux duvets et en portant littéralement tous mes vêtements (on aurait dit Santa dans « Rasta Rocket » xD) et je n’ai pas eu froid 🙂
Nous étions arrivés depuis à peine dix minutes qu'une "voisine" (dont la yourte se trouvait à 1 km) nous a payé une petite visite avec son cheval. Tout naturellement, sans question ni commentaire, Tsogo lui a aussitôt servi du thé. Puis elle nous a placidement regardés préparer le repas et monter les tentes. Enfin, elle a mangé la soupe bien chaude avec nous et, dès que le soleil s'est couché, elle a sauté à dos de cheval. Alors qu'elle s'éloignait dans le couchant, sa silhouette noire se découpait sur le ciel en feu. On s'est tous jetés sur nos appareils photo, mais c'était trop tard : l'instant le plus photogénique de notre séjour ne pourrait rester imprimé que sur nos rétines ;)
Nous étions arrivés depuis à peine dix minutes qu’une « voisine » (dont la yourte se trouvait à 1 km) nous a payé une petite visite avec son cheval. Tout naturellement, sans question ni commentaire, Tsogo lui a aussitôt servi du thé. Puis elle nous a placidement regardés préparer le repas et monter les tentes. Enfin, elle a mangé la soupe bien chaude avec nous et, dès que le soleil s’est couché, elle a sauté à dos de cheval. Alors qu’elle s’éloignait dans le couchant, sa silhouette noire se découpait sur le ciel en feu. On s’est tous jetés sur nos appareils photo, mais c’était trop tard : l’instant le plus photogénique de notre séjour ne pourrait rester imprimé que sur nos rétines 😉
Parfois, la steppe a des airs de western...
Parfois, la steppe a des airs de western…

Gorki sous les étoiles

Grâce au temps magnifique qui nous a accompagnés toute cette semaine, nous avons encore eu droit à un ciel moucheté d’étoiles. Groupés autour de la petite table, frissonnant dans l’obscurité à peine percée par la lampe constituée d’un verre renversé sur mon portable allumé, nous avons ouvert quelques bouteilles pour nous réchauffer. Nos amis écossais, francophiles à leurs heures, nous ont réclamé des poèmes français. En apercevant la Grande-Ourse au-dessus de nos têtes, j’ai attrapé au vol un vieux souvenir de CM2…

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Extrait de « Ma Bohème » d’Arthur Rimbaud

En réponse, Joey s’est mis à déclamer, avec son accent écossais si lyrique, une traduction d’un très long poème de Gorki. Puis plusieurs autres d’auteurs britanniques dont j’ai évidemment oublié les noms… Ils nous en a bouché un coin par sa mémoire impressionnante !! Et c’est donc sur cette note hautement lyrique et légèrement alcoolisée que nous avons achevé cette incroyable semaine dans la steppe. Nous nous sommes tous accordés à le dire : pas un instant nous n’avions imaginé que la Mongolie nous séduirait autant… J’ai promis à Tsogo de revenir, et je compte bien tenir ma promesse !

À moi la Chine !!!

J’ai commencé à écrire cet article dans le train, mais c’est de Pékin que je le publie. Me voilà donc partie pour un mois en Chine… Dont je vous dirai bientôt plein de nouvelles. Spoiler : demain soir, tous les participants du tour en Mongolie se retrouvent pour un hot pot et un karaoké de folie, à Pékin même !!

PS : un chat se cache dans cet article. Saurez-vous le retrouver ? 😉 Une carte postale pour le premier qui me le désigne en commentaire !

Cet article a 6 commentaires

  1. Clémence

    Mais quel expédition des plus dépaysantes! Ta narration détaillée et au ton léger nous plonge totalement dans les sensations qui ont été les tiennes… Je t’imagine tout à fait, transit de froid, à chercher ton chemin de nuit pour les « toilettes » dans l’obscurité totale, avec pour guide les étoiles d’un ciel à perte de vue.
    Une bouffée d’air (frais apparemment), MERCI!
    Bon chemin à Pékin, gros bisous.

    PS: n’ai pas trouvé le chat.

    1. Marion

      Haha il était bien caché le petit coquin 😉 gros bisous Clém, ravie de t’avoir aéré les mirettes !

  2. Hildegard

    J ai remonté toutes les photos une à une pour trouver le matou, je ne voyais rien, frissonnant déjà : ‘j’espère qu’il n’est pas dans la marmite ! ?’Et le voilà sur le toit de la yourte (du ger donc)sur la photo titre de l’article : )
    J’ai adoré cette partie frissonnante à tous points de vue. Mention spéciale à l’expédition nocturne aux toilettes au fond du jardin !!! Les photos sont superbes.merci Nounette de prendre le temps de nous embarquer dans tes aventures mongoles.on est accro.bisous

    1. Marion

      Brava, nous avons notre grande gagnante ! ^^ Et une carte postale pour la dame, une !

  3. Mouth

    Quelle épopée, tu la racontes très bien 🙂 Je t’imagine très bien de mode « rasta rocket » dans ta petite tente haha. Ces paysages magnifiques et ces grands espaces me donnent très envie de découvrir la Mongolie (où, devrais-je dire, me donnent ENCORE plus envie qu’avant).

    1. Marion

      J’y retournerai très volontiers avec toi ma poule 😉 le pays est IMMENSE, j’en ai même pas vu un 10ème !

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