Aujourd’hui, c’est la fête des pères… Et j’en profite pour vous proposer une interview exclusive du mien ! Christophe Josserand, médiateur familial, céramiste et prof de méditation 🙂

Je pratique moi-même la méditation de « pleine conscience », inspirée du bouddhisme zen, depuis deux ans. C’est un euphémisme de dire que ça a changé ma vie… C’est pourquoi je veux partager avec vous ce magnifique univers, encore une fois inspiré du Japon 😉 Ici, Christophe nous explique que manger en pleine conscience, c’est l’occasion de ne manger que ce dont on a réellement besoin… tout en se régalant dix fois plus ! Et si on essayait ?

Marion : Tu enseignes la méditation de « pleine conscience ». Peux-tu nous expliquer ce que ça signifie ?

En méditant régulièrement, on apprend à appliuer  à des pleine conscience, c'est aussi
En méditant régulièrement, on apprend à appliquer la pleine conscience dans sa vie quotidienne. Cela permet à la fois de mieux gérer les difficultés et de savoir profiter des petits bonheurs qui, avant, nous passaient sous le nez !

Christophe : La pleine conscience, c’est le fait d’habiter le moment présent de façon ouverte, bienveillante et sans porter de jugement. On cherche à observer et accepter les choses exactement telles qu’elles sont. Ce principe est directement tiré du bouddhisme zen, mais pour ma part je l’applique dans un cadre laïc, et notamment dans des programmes de réduction du stress.

La pleine conscience nous permet de repérer le mode mental « pilote automatique » qui dirige souvent nos vies. Ces pensées et comportements automatiques qui sont souvent notre pire ennemi… Concernant la nourriture, on peut penser par exemple au fait d’avaler un paquet de bonbons devant la télé sans même s’en rendre compte. Or, prendre conscience de nos automatismes nous offre la possibilité… de nous en libérer !

M : Comment appliquer la pleine conscience à la façon dont on mange ? Concrètement, en quoi ça consiste ?

C : On essaye de prendre conscience du fait qu’on est en train de manger, tout en évitant de basculer en mode « pilote automatique ». Pour cela, on fixe toute son attention sur les sensations liées à la mastication, l’ingurgitation, les couverts dans la main, l’odeur des aliments… Les sensations sont notre ancre pour revenir, encore et toujours, au moment présent et à ce qu’on est en train de faire. L’esprit part sans cesse ailleurs, c’est normal – les sensations liées au repas nous permettent de revenir à « ici et maintenant ».

Quand on aborde la nourriture en pleine conscience, on redécouvre ce qu'on mange. C'est comme faire un méga zoom...
Quand on aborde la nourriture en pleine conscience, on redécouvre ce qu’on mange. C’est comme faire un méga zoom…

Mais pour commencer, il est indispensable de vérifier notre faim. On se met à l’écoute des différentes sensations ou émotions par lesquelles elle se manifeste : qu’est-ce qui me dit que j’ai faim ? Est-ce que c’est mon estomac, ma bouche qui salive, mon nez qui sent, mes doigts qui ont envie d’attraper quelque chose ?

Parfois, on peut repérer la « faim du cœur », une fausse faim, purement émotionnelle… Quelle que soit la façon dont se manifeste notre faim, on regarde le rapport qu’on a avec elle. Est-ce qu’elle nous rend anxieux, impatient, grognon ? Est-ce qu’on la laisse prendre les commandes ou est-ce qu’on arrive à rester avec elle un petit moment, sans paniquer ?

M : Pourquoi est-ce si important de ressentir notre faim avant de commencer à manger ?

C : C’est essentiel parce que ce n’est qu’en prenant conscience de notre faim que nous pourrons prendre conscience de notre satiété ! Comment savoir que je n’ai plus faim si je ne sais même pas comment je me sens quand j’ai faim ?

En outre, je conseille d’essayer de recontacter cette sensation de faim au cours du repas. Par exemple, de s’arrêter au milieu de son assiette et de réinterroger son corps pour voir où en est la sensation de faim. Ainsi, on sent bien plus facilement arriver la satiété.

Petites pâtisseries en gros plan

M : Selon toi, pourquoi est-ce bénéfique de méditer pendant le repas ?

C : En général, quand on mange en pleine conscience on mange moins vite, en quantité moindre et en se régalant bien plus ! Quand on mange de cette façon, on ralentit automatiquement : sinon, impossible de se concentrer pleinement sur toutes les sensations. Cette lenteur permet, d’une part, à la satiété de s’exprimer. Notamment car la leptine, hormone de la satiété, met environ un quart d’heure à se manifester. D’autre part, on se régale vraiment car on profite pleinement des goûts, des odeurs, des textures…

M : Quels sont tes conseils pour ceux d’entre nous qui voudraient s’entraîner à manger en pleine conscience ?

  • Privilégier la notion de plaisir et non de privation : l’idée, c’est de profiter pleinement de ce qu’on mange. Et on se régale !
  • Si on est tout seul, commencer par des exercices courts, pas trop ambitieux, qui portent par exemple sur un seul plat, ou sur une collation.
  • Prendre le temps avant de commencer à manger, et avant même de se servir : bien se demander comment on a faim, ce qui aide déjà à se servir une portion adaptée. Très souvent, on se sert trop… On peut même essayer de prendre une assiette plus petite et s’apercevoir que ça suffit amplement ! On a souvent moins faim que ce qu’on croit.
  • Faire appel à tous les sens : la vue, le toucher, l’odorat, même l’ouïe… Et le goût, bien-sûr !
  • Prendre consciemment la décision que, quoi qu’il arrive, on sera indulgent envers soi-même. Si on s’aperçoit qu’on se goinfre, il n’est pas question de se fustiger 😉
  • Il est normal que l’esprit fasse de nombreux allers et venues entre l’attention aux sensations du repas et le mode de pensée automatique. L’important c’est de revenir, encore et encore.
  • Souvent poser son couvert. Faire des pauses, il n’y a rien de tel pour recontacter ses sensations.
  • Ne pas hésiter à fermer les yeux pendant qu’on mange : c’est frappant, en supprimant le sens de la vue on sent deux fois plus le goût !

M : Merci Christophe/Papa pour tous ces conseils ! Pour ma part, je trouve que l’exercice de manger en pleine conscience n’est pas toujours facile, mais QUEL RÉGAL… Toutes les sensations du repas sont décuplées par l’attention qu’on leur porte. Un petit morceau de pain frais peut devenir le nirvana ^^

Lorsque j'ai séjourné dans la campagne japonaise en 2016 avec mon amie Margot, nous avons eu le plaisir de participer à une méditation zen dans le temple bouddhiste du village. Le prêtre était adorable, très accueillant et fier de nous faire une visite guidée particulière !
Lorsque j’ai séjourné dans la campagne japonaise en 2016 avec mon amie Margot, nous avons eu le plaisir de participer à une méditation zen dans le temple bouddhiste du village. Le prêtre était adorable, très accueillant et fier de nous faire une visite guidée particulière !

Pour ceux d’entre vous que la méditation de pleine conscience intéresse plus largement, vous pouvez en savoir plus sur le blog de Christophe. Je vous invite à essayer une de ses excellentes méditations guidées sur Youtube ! Enfin, je ne peux pas terminer cet article sans vous recommander trèèès chaudement l’appli de méditation Petit Bambou, qui propose notamment des méditations en lien avec la nourriture.

Et d’ici le prochain article du blog, je vous dis… « zenitude radittude » 🙂

Cet article a 6 commentaires

  1. Criquelecroc

    Bravo et à la joie d’un prochain repas partagé!

    1. Joserand

      Lecture en voiture vers Saint Paul les monestier ou ou. Nous allons marcher Nous sommes enchantés de vous écouter tous les deux. Bravo bravo gd ma gdpa

    2. Marion

      Oui, c’est vrai que je n’en ai pas parlé dans l’article, mais il y a aussi le grand plaisir à partager un repas en groupe, en pleine conscience et bien-sûr… en silence 😉 Quand chacun amène quelque chose qu’il a préparé lui-même, je trouve que c’est un moment vraiment fort ! Le terme « communion » prend d’ailleurs tout son sens

  2. Chlo-chan

    Cricrou Josserand, mon héros <3

    1. Marion

      😉

  3. Hildegard

    Je relis article et je me rappelle ce moment très intense ou, avec Achille, nous avions pris un goûter « à l’aveugle  » , en Allemagne, dans un musée proposant des expériences sur les sens. Nous étions plongés dans le noir complet dès l’entrée et ce fut une expérience sensorielle intense.le déplacement, l’environnement, les sons, les odeurs, les objets, la communications avec des inconnus qu’ on ne voit pas, le lâcher prise et la nécessaire confiance. Pour se laisser guider pour manger une nourriture qu on ne voit pas. Et une dégustation si intense.

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