Mes chers Radis ! C’est avec émotion que je vous raconte la dernière étape de mon trajet en train, qui m’a emmenée de Saint-Pétersbourg à Chengdu. Pour conclure ces deux mois intenses de voyage, j’ai passé une petite semaine très agréable dans le Sichuan, province de l’ouest de la Chine. Toute proche du Tibet, c’est une destination connue pour ses montagnes escarpées, sa délicieuse cuisine épicée et… ses réserves de pandas 🙂
Chengdu la tranquille
Chengdu, principale ville de la province du Sichuan, m’a servi de camp de base pour explorer les environs. J’ai eu un coup de cœur pour cette ville qui, malgré sa grande taille, dégage une ambiance très détendue. De toutes les villes que j’ai visitées en Chine, je pense que c’est celle que j’ai le plus appréciée ! Le rythme y est bien moins frénétique qu’à Pékin ou Xi’an. Et il paraît que ça tient beaucoup à la culture bouddhiste qui imprègne la ville…
Mais également au climat, selon Zeng Ping, un jeune Chinois très sympa que j’ai rencontré dans un temple ! Il m’a expliqué qu’à Chengdu, les gens aiment être dehors, que ce soit pour manger ou boire le thé. Les hivers sont doux et secs, et le weekend les parcs ne désemplissent pas. J’ai pu le constater moi-même au cours d’une balade dominicale. Et le soir venu, j’ai vu des groupes de tous âges se retrouver, bien souvent en terrasse, autour d’une bonne vieille fondue sichuanaise.


Parcs et maisons de thé
Une autre grande spécialité de Chengdu, ce sont les maisons de thé, que l’on trouve émaillées dans les nombreux parcs et temples de la ville. On s’y pose de préférence en terrasse et en groupe, avec des provisions de biscuits et de fruits secs. Pendant de longues heures, les habitants de Chengdu sirotent le thé produit dans les montagnes avoisinantes en bavassant, en jouant aux cartes ou en fumant cigarette sur cigarette. A Chengdu, c’est une véritable institution !

Calligraphier les textes sacrés au temple Wenshu
La présence de beaux temples bouddhistes participe pour beaucoup à l’ambiance décontractée de Chengdu. Le plus fameux est le monastère Wenshu, où j’ai siroté mon thé jaune pendant des heures. Dans ce monastère, il y a une véritable tradition de l’accueil. Déjà, fait rare en Chine, l’entrée est complètement gratuite ! Ensuite, pendant qu’on y flâne en regardant les fidèles allumer des bougies et des gros bâtons d’encens, on nous sert de petits gobelets de tisane. Carrément inhabituel…
Et pour couronner le tout, il y a une grande salle où les fidèles sont invités à calligraphier des textes sacrés. Même si je ne parle pas du tout chinois, j’ai quelques notions de calligraphie grâce à ma connaissance du japonais. Je me suis donc permis de demander, avec force gestes et surtout avec l’aide de mon nouveau pote Zeng Ping, si je pouvais également participer. Les dames qui s’occupaient de l’accueil étaient un peu étonnées de ma demande, mais elles m’ont quand mêle rincé les mains à l’eau bénite, avant de me faire passer les paumes trois fois au-dessus de la fumée d’encens. Puis elles m’ont donné une grande feuille de papier à calligraphie quadrillé, dont les cases étaient remplies de caractères tracés en gris clair.

Assise à ma place dans la grande salle studieuse, j’ai recouvert une heure durant ce modèle à l’aide d’un pinceau et d’encre de Chine. Bien que je ne puisse pas comprendre le sens du texte bouddhique, j’ai vraiment vécu cette heure de calligraphie comme une méditation. En plus, j’ai pu repartir avec la feuille calligraphiée, ce qui fait vraiment un souvenir sympa ! 🙂
Repas véganes dans les temples bouddhistes
Un de mes grands plaisirs lors de mon séjour au Sichuan a été de manger dans les temples. En effet, si on se présente vers 11h30 dans les temples bouddhistes de la région, on peut y manger un délicieux repas végane pour trois fois rien. Les Chinois, en général, sont loin d’être véganes (c’est même des sacrés viandards), mais les moines bouddhistes ne mangent aucun produit animal. Cet été, je vous en parlais d’ailleurs dans un article sur les relations entre cuisine végane et Asie…

Au monastère d’Aidao, à Chengdu, on peut même manger directement avec les nonnes, au son de la cloche qui rythme la cérémonie du repas. Probablement une de mes expériences culinaires préférées du séjour… Quel bonheur de déguster en silence, dans une sorte de méditation culinaire, des plats de légumes de saison délicieusement épicés au poivre de Sichuan !
Les pandas aussi sont véganes 😉
A Chengdu, il y a une activité à ne surtout pas manquer : les pandaaaaas ! Je vous arrête tout de suite, je ne m’apprête pas à faire l’apologie des zoos : j’ai même horreur de ça. Seulement, le cas des grands pandas de Chengdu est particulier… En effet, ils se trouvent dans la principale réserve mondiale de grands pandas. Les chercheurs y ont plus ou moins sauvé cette espèce de l’extinction grâce à un programme de reproduction.
Vous savez, cette fameuse réserve où on a mis au point des techniques comme le porno pour pandas, afin de motiver ces gentilles peluches si peu concupiscentes (quand elles sont en captivité, dois-je préciser)… Le problème, c’est que comme c’est un must see à Chengdu, tout le monde s’y précipite. Pour espérer voir quelque chose et éviter un énième bain de foule à la chinoise, je me suis donc levée à l’aube pour faire l’ouverture à 7h30. Je n’ai pas regretté, car j’ai pu m’approcher au plus près des pandas et prendre quelques jolies photos rien que pour vous !


Le must du must : les bébés pandaaaaaaas !!!


Le Bouddha géant de Leshan
Au départ de Chengdu, on peut aussi se rendre dans la ville de Leshan, célèbre pour abriter le plus grand Bouddha antérieur au XXème siècle. Un géant de 71m de haut, assis dans un creux de la montagne depuis 1300 ans… Faute de temps, je n’ai pas pu escalader la roche pour le voir de près, mais ai opté pour une balade en bateau sur la rivière.



Apercevez-vous la tête du Bouddha à l’horizon ? J’avoue qu’avec un maître-nageur pareil, pas de quoi avoir peur 😉
Ascension d’Emei-shan, la plus haute montagne sacrée de Chine
Pour mes deux derniers jours dans le Sichuan, j’ai décidé de faire une excursion au mont Emei (« Emei-shan » en chinois). Il s’agit de la plus haute des quatre montagnes sacrées du bouddhisme chinois, et je tenais absolument à en escalader une avant mon départ. A son sommet, qui culmine à 3099m d’altitude, se trouve le premier temple bouddhiste jamais construit en Chine, au premier siècle de notre ère. Vous comprenez que, malgré le mauvais temps annoncé, je ne pouvais pas rater ça…
1700 m de dénivelé… par les escaliers
C’est donc sous une pluie fine que je me suis mise en route, vers 8h du matin, pour la première étape d’une randonnée de deux jours. Dans mon sac : deux clémentines et de quoi dormir une nuit dans un monastère sur le chemin. Sur mon dos : cinq couches de vêtements, dont un affreux poncho de pluie tout crissant. Devant moi : environ 22 km et 1700 m de dénivelé jusqu’au sommet, par un chemin composé à 95% d’escaliers. Tout autour de moi : les arbres, la bruine et le brouillard le plus épais que j’aie jamais vu.



Macaques dans la brume
Ma solitude ajoutait au côté un peu surréaliste de cette ascension. Je n’ai croisé que quatre autres marcheurs et quelques gardiens de relais qui, l’air abattu, essayaient de me vendre du café ou des fruits. Certains insistaient en outre pour que je m’équipe d’un bâton afin d’éloigner les bandes de singes qui, apparemment, ont l’habitude d’attaquer les touristes pour leur voler leurs victuailles. En effet, de nombreux panneaux avertissaient les randonneurs de cet état de fait… J’ai beaucoup rigolé en lisant celui qui alertait contre les « gangs de singes locaux » (vive la traduction depuis le chinois :p) !


Une nuit au monastère de l’Étang du Bain de l’Éléphant
Refermons la parenthèse sur les macaques… La montée du premier jour, vous l’aurez compris, n’était pas qu’une partie de plaisir. Lassée par les escaliers, effrayée par les histoires de singes et gelée par l’humidité, j’avais expédié les premiers 1200m de dénivelé dès 14h30. C’est ainsi que, fort soulagée, je suis arrivée à mon étape pour la nuit : le monastère de l’Étang du Bain de l’Éléphant ! Ce nom à rallonge est dû à la légende racontant que Bouddha, en chemin pour le sommet de la montagne, aurait trouvé là un étang où il aurait lavé son éléphant.








Réunion au sommet
Après une petite nuit (la dame chinoise avec qui j’ai partagé la chambre s’est levée à 5h et a fait un ramdam pas possible), je suis repartie de bonne heure pour le sommet. Il me restait 8 km et 500 m de dénivelé à gravir, ce que j’ai fait en deux heures environ. Au sommet, le choc : en même temps que la 4G, j’ai retrouvé la foule. En effet, contrairement au monastère où j’ai passé la nuit, on peut le rejoindre en bus et en téléphérique. Les groupes de touristes chinois y affluent donc par centaines de personnes…

Au pied de la montagne : le temple de Baoguo
Après avoir pris quelques mauvaises photos depuis le sommet (le brouillard montait à nouveau et obstruait l’horizon à vue d’œil), je me suis mise sur le retour. J’ai descendu environ 600 m de dénivelé jusqu’à la station de bus, puis ai pris un car pour revenir à Baoguo, au pied de la montagne. Une heure et demie de route, quand même ! J’en avais fait du chemin… Une fois en bas, j’avais un peu de temps avant de reprendre le train pour Chengdu. Avec une gentille Italienne rencontrée en chemin, j’en ai donc profité pour visiter le magnifique temple de Baoguo.



La fin d’une aventure… et le début d’une nouvelle !
Et c’est sur cette belle aventure montagnarde que s’est conclu mon voyage en Chine et, plus largement, mon parcours en train de Saint-Pétersbourg au Sichuan. En dix semaines, j’aurai parcouru environ 12000 km en train, traversé trois pays, dormi dans 23 villes différentes et rencontré un tas de gens exceptionnels. Je crois que je ne réalise pas encore tout ce que j’ai vécu, ni que c’est réellement terminé…
Tout en digérant toutes ces découvertes, j’entame à présent une nouvelle aventure : mon année au Japon. J’y suis depuis maintenant une semaine et je reprends mes marques dans ce pays que j’aime tant. Ce soir, je dors sur mon futon, au milieu d’une pièce de huit tatamis… 😉 Je ne sais pas encore à quel rythme ni sous quelle forme je publierai mes prochains articles, mais je promets de vous donner des nouvelles. En attendant, je tiens à remercier du fond du cœur toutes les personnes qui m’ont suivie dans mon voyage en train, tous ceux qui m’ont lue, tous ceux qui ont commenté… Vous m’avez permis de partir toute seule, parce qu’en fait, je ne l’étais pas !
À lire aussi : le bilan de mes dix semaines de voyage solo en train
Wow, il fait rêver cet article. Les bébés pandas étalés sur le bide ! Mon animal spirituel en fait !!! Je t’ai imaginée faire pipi dans les airs en haut de ta montagne, j’ai bien ri :p
Haha, les histoires de pipi ça marche toujours xD
Oui les bébés pandas c’est à peu près imbattable… Teeeeellement chou…….
Je m’en remet pas des deux étalés sur leur bedon comme d’adorables petite bouses !
Oooooh, j’ai lu cet article reportage en deux fois et il fallait bien ça pour pas se perdre en route avec la brume ,les escaliers et la fumée de cigarette.
Que c’était beau et haut et frais
IL FAUT VRAIMENT QUON IMPRIME CE BlogG DE VOYAGE.
Merci Marioun
Je suis content de te savoir auj apon avec le même tatami pour plusieurs nuits!
GROSSbisesMarionsan
Oui, ça fait vraiment du bien de se poser quelques semaines au même endroit ^^ Les voyages et les découvertes c’est génial, bien sûr, mais je ne m’attendais pas à ce que ça soit aussi crevant !!
Merci d’avoir pris le temps de lire ce long article. J’avais envie de faire honneur au Sichuan 😉
Magnifique article. Des vapeurs de hot pot sux brumes des montagnes j’ai tout aimé. L ascension à sensations m’en a rappelé d’autres , celle vers un temple du Karnataka faite d escaliers où on avait signalé des attaques de panthère la veille , il était conseillé de ne pas marcher seul…après
chaque pause , j’attendais qu’un petit groupe
passe pour me coller à eux! les hordes de
pèlerins su sommet arrivés en bus, voitures
et touktouks….l’ascension vers le temple du lieu de naissance d Hanuman à Hampi toute seule su milieu des macaques qu il fallait
frôler et qui ne te lâchaient pas du regard
…heureusement c’était lheure engourdie de la meridienne.
Quant à la paix des temples de Chengdu elle m’a évoqué celle des monastères grecs:les repas et les activités en silence, l’hospitalité…
…merci d’avoir partagé tes epiques et epicuriennes aventures pèlerines….en route pour le pays du soleil levant !♡
Ah oui c’est vrai qu’il y a des grosses similarités, mais moi c’était moins extrême quand même xD A part les attaques de groupes de touristes armés de perches à selfie, j’avais finalement pas grand-chose à craindre… 😉
Merci pour ces belles photos et ce magnifique article qui fait rêver… Ça respire la zénitude, ça fait du bien 😀
T’as fait de la calligraphie chinois, j’en reviens pas !
Et les pandas, teeeeeeellement mignons, j’en peux plus *_*
C’était vraiment fou ce voyage, et c’est génial que tu l’aies fait.
Hâte de lire la suite au Japon <3 <3
Hihi j’ai trop pensé à toi quand j’ai vu les bébés pandas, je me suis dit que tu aurais été folle… Même les adultes sont trop sympathiques, à grignoter patiemment leurs tiges de bambou. Ils méritent vraiment leur réputation d’animal craquant !
Coucou. Ça alors c’est vraiment fini ! On dirait la fin d’un album de Caroline et ses amis, il s’est passé tant de choses spectaculaires !
Tu comptes prendre la peine de faire des articles au Japon aussi ? 🙂
Ah là tu me fais un beau compliment !! « Caroline en Russie » a été une des grandes inspirations de mon voyage xD (le pire c’est que je ne plaisante pas)
Oui je compte bien sûr continuer à alimenter mon blog pendant l’année à venir, mais je n’ai pas encore décidé sous quelle forme… Je ne pense pas être aussi exhaustive ni vous raconter mon voyage chronologiquement comme je le fais là, mais plutôt faire des articles thématiques… A voir 😉
Respect pour le chat qui vit avec son moine à 1460m d’altitude, avec une plaque chauffante soviétique en guise de chauffage ! Ça c’est pas du chat de potier ! ^^
Et encore ! La plupart des gardiens de relais que j’ai croisés n’avaient même pas le brasero… Ils devaient tellement se les geler à rester sans bouger toute la journée dans ce froid humide… Brrrrrr
Coucou Marion, j’espère que ton arrivée au Japon fait ton bonheur ! On languit d’en savoir plus 🙂 Bizzz !
ça oui !! De mes papilles notamment 😉 Et c’est enfin la saison des magnifiques feuilles d’érables… Je vous raconterai tout ça bientôt 🙂
Coucou Marion, je suis impressionnée par ton courage (voyage en solitaire), ta curiosité et ton talent d’écriture…te lire fut un régal pour les…sens: je me suis régalée de tes plats, j’ai eu froid avec toi, j’ai eu mal aux gambettes pour toi, j’en ai pris plein les mirettes avec toi, j’ai ri avec toi😄
Bref stp NOOOON, ne cesse pas de nous raconter, c’est trop bon de te lire!
Un petit article de temps en temps sur un thème?
Continue de t’eclater, tu fais plaisir à lire. À bientôt 👋
Marie, une quinqua qui ne fume pas, ne crache ps et ne rote pas
Et c’est tout à ton honneur xD xD xD Je faisais bien sûr référence aux mœurs des quinquagénaires chinoises exclusivement, tu l’auras compris… 😉
Merci infiniment pour tes encouragements Marie, ils me sont très précieux. Tu me fais rougir derrière mon écran (~^_^~) ça m’encourage encore plus à continuer à vous écrire, même si la forme va changer ! Comme tu dis, je vais revenir à des articles thématiques pour le moment 🙂
Je rattrape tous tes articles avec quelques semaines de retard… Quel bonheur de te suivre Marion ! On est vraiment embarqués avec toi : quelle plume, quel humour et quels beaux clichés ! :O
Je suis admiratif de ton courage, et soufflé par la qualité de chacune des publications qui ont émaillé ton grand voyage, on a vraiment là un récit passionnant avec ses hauts, ses bas, ses belles rencontres, ses surprises, ses découvertes culinaires… J’avoue avoir eu un plaisir tout particulier à lire l’article ci-dessus et ceux sur la Mongolie : le calme et la majesté des steppes, les temples perdus, les effluves d’encens, les randonnées solitaires dans les montagnes embrumées… une sérénité incroyable s’en dégage.
Merci de nous avoir fait partager ce beau voyage ! Tu peux être fière d’avoir accompli ton rêve. Belle installation au Japon à toi et au plaisir de lire tes prochaines aventures ! 😉
Merci Yohann pour tes encouragements et le soin que tu mets toujours à l’écriture de tes commentaires… Je suis ravie de constater que ce sont les articles que j’ai le plus de plaisir à écrire qui sont les plus appréciés ! La Mongolie et le Sichuan, ça restera des souvenirs très marquants pour moi. Comme tu dis, quelle sérénité. J’avais besoin de ça dans ce monde qui vit à fond la caisse.
A tout bientôt pour des nouvelles du Japon, c’est promis 😉