Hallo, liebe Radis! Comme promis, je vous donne des nouvelles de ma toute première visite à Berlin 🙂 Je viens d’y passer quatre jours étonnants, entre été indien et automne syrien. En ce début de septembre, les feuilles roussissaient bon train mais les après-midis gardaient des airs caniculaires… J’ai donc pu gambader à mon aise dans la ville. Grâce à mon hôte Laurent, j’y ai fait d’étonnantes découvertes culinaires du monde entier. En particulier, j’ai constaté à quel point il est banal de manger végane à Berlin ! Entre bars alternatifs branchés et restos de quartier, j’ai comparé de nombreux houmous et bu beaucoup, beaucoup de limonade bio… 😉
Berlin, une ville alternative, branchée et délicieusement déglinguée
Si je devais résumer grossièrement mon expérience, je dirais que Berlin est une ville méga-hipster. On voit tout de suite que les Berlinois ne veulent pas rentrer dans le moule. J’ai même l’impression que, là-bas, être hors-norme c’est… la norme 😉 Tout est un peu de traviole, bricolé, customisé… Cheveux verts, cheveux roses, banane en bandoulière (la dernière mode), vélo rouillé, vêtements chinés : la banalité semble proscrite.
Et ça se reflète dans les mœurs culinaires ! Ils ne mangent pas comme tout le monde, nos amis berlinois… La cuisine fusion, les plats véganes et les superfoods se disputent la place sur les ardoises colorées des restos.
Manger végane ? À Berlin, c’est la norme…
Cela saute tout de suite aux yeux : le végane est omniprésent dans la ville. C’est un véritable argument de vente : les étiquettes des jus de fruits précisent que celui-ci est « vegan » (merci pour l’info les gars !). Et ça n’arrête pas : on voit des pubs pour du chocolat végane dans le métro, quand ce n’est pas une pub pour le lait d’avoine « spécial barista »… (Je n’ai pas réussi à comprendre si c’était une blague qui jouait sur l’autodérision des hipsters berlinois, ou si les cocktails au lait d’avoine sont devenus à la mode – piste que je n’exclue pas, soit dit en passant !)
Trop bobo : le brunch veggie en terrasse sur la Kastanienallee
Pour m’en assurer, dès mon premier matin à Berlin je suis allée brancher dans un café brunché (ou le contraire, allez savoir). La Kastanienallee est l’une des artères les plus charmantes du quartier ultra-bobo de Prenzlauer Berg, dans le nord de Berlin. Littéralement, son nom veut dire « allée des châtaignes », mais elle est plus précisément bordée de marronniers. Enfin, pas que ! On y trouve aussi multitude de boutiques de créateurs loufoques, friperies, petits restos végano-bobo-bios et autres réjouissances.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance détendue et épicurienne de ce samedi matin ensoleillé, à peine automnisée par les feuilles un peu brunies des marronniers.
Quant au repas, il était tout simplement excellent. Au menu ? D’abord un jus de fruits et légumes frais, un capuccino crémeux et un thé blanc à la rose très délicat. Puis, pour moi, un « œuf dans un verre » (c’était l’intitulé : Ei im Glas ! Tellement allemand), mollet, agrémenté de beurre clarifié, de muscade, de tomates cerises et de ciboulette. C’était très délicat et la tartinade maison à la tomate qui était étalée sur le bon pain de campagne était une tuerie. Laurent, quant à lui, avait commandé une omelette aux légumes très colorée, à la technicité impressionnante.
Enfin, parce que nous sommes tous les deux des ventres à pattes, nous nous sommes partagé un « brunch végane » composé de fruits et légumes frais, de croquettes de lentilles corail et de tartinades maison à se taper le cul par terre. Ces tartinades sont visiblement leur spécialité !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce petit brunch m’a directement plongée dans l’ambiance berlinoise…
Pois chiches un jour… Pois chiches tous les jours ?
Cependant, je crois que la mode du végane s’exprime avant tout par l’engouement des Berlinois pour la cuisine du Levant et pour tous les produits à base de pois chiches : houmous, falafels et tout ce qui les accompagne… Sans même le faire exprès, je crois avoir goûté à pas moins de trois houmous différents, en à peine quatre jours. C’est bien simple : les Berlinois vont faire exploser le cours du pois chiche avec leurs falafelleries !!
Le plat le plus extrême que j’aie goûté en la matière était un fattah houmous, dégusté dans un très joli snack égyptien. C’était un plat déroutant et, apparemment, typiquement égyptien. J’ai d’abord découvert un bouillon très salé recouvert d’une généreuse dose de houmous, d’une sauce verte au goût amer, herbacé et très pimenté, d’une sauce rouge également assez décapante et d’amandes effilées.
En plongeant ma cuiller dans le mélange, j’ai ensuite constaté que ces ingrédients dissimulaient au moins 500 g de pois chiches !! Tout ça pour moi toute seule ? J’avais pris le format « small » ; je n’ose même pas imaginer l’état de mon bidon après une portion « large »…
Bref, je n’ai pas été très convaincue par ce fattah houmous. En revanche, les autres petits plats étaient tous délicieux : boulettes épicées, étonnante mousse de carottes, salades d’aubergines et, surtout, le meilleur pain pita que j’aie jamais mangé. Le tout arrosé de Traubenschorle, c’est-à-dire du jus de raisin coupé à l’eau gazeuse (très germain, j’adore) !
Le kebab aux falafels, un plat berlinois ?
La folie berlinoise du pois chiche a depuis longtemps atterri dans les fameux « Döner Kebap ». Très nombreux à Berlin, et particulièrement réputés dans les quartiers populaires du sud de la ville, ils nous rappellent que le kebab a été inventé par des Turcs… en Allemagne ! On connaît bien sûr la version aux escalopes (bien meilleure en Allemagne qu’en France, car garnie de beaucoup de légumes croquants, du chou cru notamment)… Mais le pouvoir du pois chiche est tel que le kebab aux falafels est devenu un autre plat typiquement berlinois 😉
Pour ma part, je me suis fait TRÈS plaisir en dégustant, dans le quartier si mélangé de Kreuzberg, un excellent dürüm (galette kebab) au halloumi grillé 🙂 Comme il est de tradition à Berlin, j’ai arrosé ça avec du ayran, une sorte de yaourt à boire turc légèrement sucré et vraiment pas dégueu. Le tout pour 4 €, ça frisait l’indécence…
Salam, pionner du falafel à Berlin
C’est chez Salam, et non au Döner, que Laurent m’a emmenée déguster les MEILLEURS falafels de ma vie. Franchement. Cette mini-échoppe de 15 ou 20 m² est, paraît-il, l’un des tout premiers falafels de Berlin. Elle ne paye pourtant pas de mine ! L’ambiance y est détendue, sans chichis, et on voit qu’il y a beaucoup d’habitués. Les prix sont légèrement plus élevés qu’ailleurs à Berlin, mais la qualité égale, voire dépasse, celle des meilleurs restaurants levantins où j’ai mangé…
J’ai pris une assiette végétarienne à 9 € et Laurent une assiette végane à seulement 7 €. La différence ? J’avais du halloumi grillé (on ne se refait pas !) et une sauce au yaourt, tandis que ses falafels étaient agrémentés d’une délicieuse sauce aux cacahuètes. On n’a pas trop eu besoin de se battre pour le reste, car on avait les mêmes ingrédients 😉 D’abord d’excellents légumes marinés, rôtis ou croquants. Ensuite, un vrai taboulé libanais avec PLEIN de persil et un autre taboulé rouge encore meilleur, aromatisé avec une épice acidulée que j’ai reconnue pour être du sumac (typiquement levantin). Puis un petit beignet aux légumes très aérien. Et enfin, leurs exceptionnels falafels, crousti-fondants à souhait !!! Pour faire descendre le tout, nous avions également un vrai thé à la menthe maison… Un sacré festin.
Mais, je vous rassure, je n’ai pas fait que manger des pois chiches pendant ces quatre jours 😉 Comme je vous l’écrivais plus haut, j’ai aussi fait mon petit tour des bars et des cafés, préférant cependant les excellentes limonades à la bière…
Friches industrielles reconverties : bobos béats et baba-cools en foule
Le dernier chic à Berlin, c’est d’aller traîner dans les ruines reconverties de l’ex-Berlin Est. La chute du mur a laissé derrière elle des lieux très touristiques, comme l’excellente East Side Gallery (un pan de mur de plus d’un kilomètre entièrement recouvert de street art), mais également des endroits plus confidentiels.
À deux pas de la Ostbahnhof (Gare de l’Est), les habitants du quartier ont créé au bord de la rivière Spree un lieu alternatif et détonnant super agréable : le Holzmarkt. On dirait un cimetière de grands bateaux de bois dans lequel auraient poussé une guinguette, un glacier et une école de cirque. On se croirait en plein festival drômois : les mômes courent partout, les jus de fruits sont bio, le groupe joue du reggae et du ska en plein soleil, les fanions claquent au vent et les gens se mettent pieds nus. Dans la grange, les enfants apprennent les rudiments du cirque à prix libre et la queue s’allonge au stand barbecue…
Si on veut être au calme, on va s’affaler sur les bancs en palettes au bord de la Spree, et on sirote sa « limo » bio en regardant passer les péniches de touristes. Désignant la rive opposée, Laurent énumère les clubs de techno hardcore aménagés dans d’anciennes usines. C’est qu’il s’y connaît !
Evidemment, j’ai ADORE cette ambiance ! Avec le Klunkerkranich, c’est peut-être bien le lieu que j’ai préféré à Berlin. Mais qu’est-ce que le Klunkerkranich, me direz-vous ? Eh bien, c’est le rooftop le plus cool de Berlin !
Même ambiance déglingo-bricolo pour ce bar dansant, perché en haut d’un vilain centre commercial en plein quartier populaire de Neukölln. Le côté excellent de la chose, c’est que si on ne sait pas qu’il y a un bar sur le toit, on ne pourra jamais s’en douter… Il faut prendre l’ascenseur jusqu’au dernier étage (où rien n’est indiqué), traverser le parking plein de pisse et, au détour d’un pilier de béton, bam ! On se retrouve à monter vers un jardin loufoque, une grande terrasse comme savent si bien les faire les Allemands. Grues en papier mâché, plantes à gogo, lampions et DJ hipster : l’ambiance est tout de suite posée. Mais le mieux, c’est la vue panoramique sur Berlin Est où le soir tombe… Un super souvenir !! Et, devinez quoi ? On peut bien sûr manger végane, au Klunkerkranich 😉
Enfin, pour terminer cet article sur une note insolite, sachez que Berlin a ses propres… traboules !
Après celles de Lyon, égarons-nous dans les traboules de Berlin !
Mais si, vous savez… Les traboules, ce sont ces dédales de cours intérieures et de passages plus ou moins secrets entre les immeubles lyonnais, où l’on transportait la soie à l’abri de la pluie. Je crois que je deviens de plus en plus lyonnaise ! Car, en découvrant les Höfe (littéralement, « cours ») du charmant quartier de Scheunenviertel, je les ai immédiatement assimilées aux traboules de Lyon.
Je me suis en effet promenée dans deux ensembles de cours différents : les Hackesche Höfe, juste au nord de la célèbre Île des Musées, et les Heckmannhöfe, tout près de la Neue Synagogue. Outre flâner dans leur ambiance feutrée, un peu hors du temps, j’y ai fait quelques agréables expériences gastronomiques.
À l’auberge Little Italy, j’ai avalé presto un gâteau imbibé de sirop au citron et un café espresso « small »… vraiment très small. Il devait y avoir 1 cm dans la tasse ! Le café était très acidulé et fruité, comme les hipsters les aiment, apparemment… (dixit Laurent) J’ai aussi fait le plein de thé oolong vert (dont la cuvée 2018 toute fraîche !), pour pouvoir jouer avec ma dînette mon service à cérémonie du thé chinoise en rentrant. Je vous en reparlerai très probablement… 😉
Parmi vous, je sais qu’il y a beaucoup de fans de Berlin 🙂 C’est une ville immense, aux innombrables visages… Pour vous, c’est quoi l’image la plus marquante de cette ville de dingues ?
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l’eau
Les enfants boivent de l’eau et du sirop
La rigolade prend d’assaut les bécassines au bord de l’eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dans mon épicerie, Jean qui pleure Jean qui rit
Dans mon bar sans tabac goujat
Je m’y voyais déjà tavernier d’opéra
Créateur d’apéros bios
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l’eau
Les enfants boivent de l’eau et du sirop
La rigolade prend d’assaut les bécassines au bord de l’eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dans mon estaminet il y a des mets pour gourmets
Des menus pour enfants gourmands
De ma timonerie je vois passer la vie
De petits et de grands clients
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l’eau
Les enfants boivent de l’eau et du sirop
La rigolade prend d’assaut les bécassines au bord de l’eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dans ma petite famille, il y a de la mélancolie
Y a de l’alcoolémie aussi
Dans mon latifundia du raffut de loufiat
Du grabuge de vieux rat ingrat
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l’eau
Les enfants boivent de l’eau et du sirop
La rigolade prend d’assaut les bécassines au bord de l’eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dick Annegarn
Coup de coeur pour le festival berlino-drômois 😉
C’est tout-à-fait ça !! J’adore cette chanson 🙂
Oh le bel article
Ca valait la peine d’attendre, ce que je faisais en me rongeant les ongles fautes d’idées recettes.
Jetais sur qu’y aurait plein De choses veget . Jaime bien lutilisation du present de l’indicatif parfois qui se glisse.
Faut le faire lire! Bravo
Une adresse a relier: Roman
Merci
Eh oui Papou, j’ai bien pensé à toi et à Achille avec tous ces délices veggies !!
Oups, pas fait exprès pour le présent, c’est un truc qui m’arrive souvent… Quand j’écris des nouvelles, je suis obligée de transposer des paragraphes entiers au passé parce que j’ai switché vers le présent sans faire gaffe 😉
Roman est maintenant abonné, pour le meilleur ou pour le pire :p
Bel article, ça donne envie de manger, de visiter Berlin et d’aller en boîte avec Laurent !
Avec toutes ces belles ruines industrielles ça doit être la capitale mondiale de l’urbex !
Bravo
Merci Chilou 🙂
Je l’ai pas précisé dans l’article car on y a rien mangé, mais on est aussi allés dans un club dansant vraiment zarbi de Neukölln… « Same Heads »
Plus hipster tu meurs !!!! Décor d’objets en plastoc de récup, carreaux blancs comme dans une salle de bain, musique vraiment chelou… Et il y avait tellement de fumée de clope à l’intérieur que c’était quasi irrespirable !